Erica Baum, Anne Bourse, Julien Carreyn, Than Hussein Clark, Miho Dohi, Ad Minoliti, Yu Nishimura, Autumn Ramsey, Louise Sartor, Naoki Sutter-Shudo, Ernst Yohji Jäger

Casa Nova
La Porta, Corsica

X

Erica Baum, Daisy (Stills), 2014, archival pigment print, 38,10 × 38,79 cm.

The reality and reliability of the human world rests primarily on the fact that we are surrounded by things more permanent than the activity by which they were produced, and potentially even more permanent than the lives of the authors.

Hannah Arendt, The Human Condition

Autumn Ramsey, Pause, 2020, oil on canvas, 56 × 71 cm.

Autumn Ramsey, Drift, 2020, oil on canvas, 56 × 71 cm.

Un effroyable cri, sorti du fond des flots,
Des airs en ce moment a troublé le repos ;
Et du sein de la terre une voix formidable
Répond en gémissant à ce cri redoutable.
Jusqu’au fond de nos cœurs notre sang s’est glacé ;
Des coursiers attentifs le crin s’est hérissé.
Cependant sur le dos de la plaine liquide,
S’élève à gros bouillons une montagne humide ;
L’onde approche, se brise, et vomit à nos yeux,
Parmi des flots d’écume, un monstre furieux.
Son front large est armé de cornes menaçantes ;
Tout son corps est couvert d’écailles jaunissantes, Indomptable taureau, dragon impétueux,
Sa croupe se recourbe en replis tortueux ;
Ses longs mugissements font trembler le rivage.
Le ciel avec horreur voit ce monstre sauvage ;
La terre s’en émeut, l’air en est infecté ;
Le flot qui l’apporta recule épouvanté.

Théramène rapportant la mort d’Hippolyte, Phèdre, Racine

Louise Sartor, Isabeau, 2017, oil on chopping board, 29,9 × 8,9 cm.

Il mêlait les idées positives et les sentiments romanesques, les systèmes et les chimères, les études sérieuses et les emportements de l’imagination. De ces productions incohérentes du siècle il tira l’Empire ; songe immense, mais rapide comme la nuit désordonnée qui l’avait enfantée.

François-René de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe

Miho Dohi, study 2, 2019, plaster, textile, 25 × 19 × 16 cm.

Miho Dohi, study 3, 2019, plaster, textile, 23 × 24 × 10 cm.

Just when it seems to become clear what is inside and what is outside, they turn completely upside down, and all of a sudden, an object appears quite naturally out of that chaos.

Miho Dohi

Naoki Sutter-Shudo, Section of an endless hot dog, 2020, wood, enamel, stainless steel, 35 × 9 × 9 cm.

Anne Bourse, (infinity) tummy rubs. Claws for show only. 10/10 fanciboi, 2019, ink on silk, hand-sewn anorak, 70 × 35 cm.

Il faut que ce soit dans une fiction, il faut que ça joue dans un film, pour éviter qu’on soit… il faut que ce soit un fantasme.

Anne Bourse

Ernst Yohji Jäger, TBT, 2021, oil on canvas, 30,5 × 30,5 cm (32 × 32 cm framed).

Fichtre ! fit Gavroche. Voilà qu’on me tue mes morts.

Victor HUGO, Les Misérables

Yu Nishimura, Branch, 2020, oil on canvas, 24,2 × 41 cm.

Than Hussein Clark, Client Dress Form E, 2018, steel, enamel, earthenware, chalk, 55 × 35 × 20 cm.

Life isn’t long enough for love and art.

W. Somerset Maugham, The Moon and Sixpence

Ad Minoliti, Geo Sci Fi # 15, 2016, black pen and colored pencil on paper, 29 × 21,5 cm.

Ad Minoliti, Geo Sci Fi # 19, 2016, black pen and colored pencil on paper, 29 × 21,5 cm.

I don’t believe there’s a universal spectator. What kind of clothes does the universal spectator wear?

Ad Minoliti

Enfant, je jouais souvent au jeu Ravensburger original memory. Nous retrouvions des paires d’images, des dessins de bananes, des photos d’allumettes en gros plans… Le verso de ces cartes d’environ 5 cm de côté était bleu moucheté sur fond blanc. Etait-ce la matière que les concepteurs avaient trouvé pour évoquer la mémoire ? Cette texture ressemblait à la neige frétillante de l’écran télé après la fin des programmes.

Julien Carreyn

EN: The “Casa Nova” was rebuilt in 1837, on one of the oldest houses in the village of La Porta, a region of Corsica that witnessed the birth of Pascal Paoli and where one of the greatest revolts against Genoa began, which was to lead to the war of “independence”, which resulted in 1769 at Ponte-Novu, a few kilometres away, in the cession of Corsica to France. The property of the Pompei family who, during the Revolution had joined the republicans, and fled Corsica in 1793 with other pro-French families, including the Bonapartes, it was then burnt down in 1794 by the partisans of the Anglo-Corsican Kingdom. The Empire, then the Restauration, allowed the family to come back, and rebuild a town house on the ruins of the former “Casa Vecchja”.
It has not changed (much) since its construction, my uncle not really allowing any compromise with the original aesthetic to make it genuinely functional. It is, I think, what he owed to all members of his family, living or dead, so that they always felt at home. It is one of the most inspiring houses I know. It has always nourished my imagination, combining a love for Corsica and for history. If an aura is the “unique appearance of a faraway no matter close it is”, in the words of Walter Benjamin, it is perhaps here that I learned how to feel it. It is this mystery both temporal and material that I was looking for in each of the works that have been displayed here.

La « Casa Nova » a été reconstruite en 1837, sur l’une des plus anciennes maisons du village de La Porta, région corse ayant vu naître Pascal Paoli et où débuta une des grandes révoltes contre Gênes, qui devait aboutir à la « guerre de l’indépendance », s’achevant en 1769 à Ponte-Novu, à quelques kilomètres, par la cession de la Corse à la France. Propriété de la famille Pompei, qui avait pris à la Révolution le parti des républicains, et fui la Corse en 1793 avec d’autres familles pro-françaises, dont les Bonaparte, elle a été incendiée en 1794 par les partisans du Royaume Anglo-Corse. L’Empire, puis la Restauration, ont permis à la famille de revenir, et de rebâtir une maison de maître sur les ruines de l’ancienne « Casa Vecchja. »
Elle n’a pas (beaucoup) bougé depuis sa construction, mon oncle n’admettant pas vraiment de compromis avec son esthétique originale pour la rendre tout à fait fonctionnelle. C’est, je crois, ce qu’il doit à tous ceux de sa famille, vivants ou morts, afin qu’ils soient ici toujours chez eux. C’est une des maisons les plus inspirantes que je connaisse. Elle a toujours nourri mon imagination, combinant l’amour de la Corse et celui de l’histoire. Si l’aura est « l’unique apparition d’un lointain si proche soit-il » selon la formule de Walter Benjamin, alors c’est peut-être ici que j’ai appris à la ressentir. C’est ce mystère à la fois temporel et matériel que je cherche dans chacune des œuvres qui ont été disposées ici.


Merci à Michèle et François
© PPCP

FR : EN: The “Casa Nova” was rebuilt in 1837, on one of the oldest houses in the village of La Porta, a region of Corsica that witnessed the birth of Pascal Paoli and where one of the greatest revolts against Genoa began, which was to lead to the war of “independence”, which resulted...
EN: La « Casa Nova » a été reconstruite en 1837, sur l’une des plus anciennes maisons du village de La Porta, région corse ayant vu naître Pascal Paoli et où débuta une des grandes révoltes contre Gênes, qui devait aboutir à la « guerre de l’indépendance », s’achevant en 1769 à...
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