Clio Sze To
9 rue des Cascades,Clio Sze To was born in 1988 in Paris. Of Franco-Chinese culture, she spent her childhood in Boulogne, or more exactly in the artists’ workshops in Pont de Sèvres. She studied Decorative Art and lived in Paris. A few years ago, she moved back into the family flat at Pont de Sèvres. It was there, on the thirteenth floor, in a glazed studio, bathed in light, with a panoramic view, that she produced the pastels on paper and watercolours on silk, in both a portrait and landscape format, that make up the series of works presented at the Galerie Crèvecoeur, which opens on 22 June 2023.
This is her first solo show. All that can be seen are city-views from the Pont de Sèvres, observed from her flat. In close-ups, wide views, or overhead scenes, Clio Sze To has produced what looks like, if we think in terms of personification, a series of obsessive portraits of the same character, seen through American shots, panoramic scenes, side-on and frontal detailed views. What portrait is she drawing up, in fact?
She is drawing up the portrait of an emblematic town of brutalist buildings from the 1970s, able to soak up the population of workers needed for the productive frenzy of the post-war boom and thus welcoming over two thousand homes, all made according to the same model, half of which were council housing, overlooking a parking lot with almost four thousand places. This was all designed so you could live in it “as though in autarky”, in the words of one of the architects, thanks to circular arcs, crescents and hexagons. “I have a home full of windows”, sang Anne Sylvestre. In a “tentacular town” as Émile Verhaeren predicted. A town made of concrete, widely referenced in French rap, especially by Booba, its most famous inhabitant. “Welcome to the heart of asphalt”. With no apparent commentary, Clio Sze To chooses first of all pastels, even though they’re known first and foremost for how they render the effects of matter and the smoothness of complexions and have long been almost exclusively used in portraits, to depict the verticality and crudeness of concrete. A contrast that the architect Le Corbusier, who had his part to play in the story of brutalism put this way: “May such crude concrete reveal genuine sensitivities beneath it”. By picking out architectural points like windows, façades, or balconies, where people who don’t know they’re being watched jut out, she draws up a fragmentary portrait – which is slightly voyeuristic – of a microcosm she’s been observing since her childhood, between tedium and fascination. What do we learn from the world when we look at people at home in buildings that compete with the sky? What do we hold onto about our own story? Why do we never talk about apprentice painting?
Placed on the architectural border between austerity and futurism, such concrete megastructures can also seem worrying. Seeing what’s happening in other people’s places is entertaining, but also a little off-putting. Clio Sze To’s works are very silent. The two selected techniques, pastel on paper, already mentioned for its smoothness, and watercolour on silk, in which the strokes cannot be either totally clear or regular, produce a padded effect, which creates a slight disturbance below apparently calm landscapes. In each painting, there are effects of mistiness that break from radicality, with straight lines and repetitive geometrical shapes, while often odd wisps of smoke provide a feeling of imminent danger. Such foreboding is highlighted by the dizzying changes of scale that our gaze undergoes while passing from a window to the entirety of a building. Presences become ghostlier; door frames more impenetrable. From a neighbourhood doc-fiction, we have moved maybe into science-fiction, as in Blade Runner, highlighted by night scenes. Chronologically, these are the most recent paintings made by Clio Sze To, night scenes, from the dark, as described by the artist as the moment when you disappear, when the question of intimate and social time becomes different.
The show draws up the portrait of little imbricated worlds, which the artist has meticulously constructed in a seeming hyperrealism, while concealing clues that, little by little, as we spot them, draw us further and further away from the Pont de Sèvres of 2023.
Clio Sze To est née en 1988 à Paris. De culture franco-chinoise, elle a passé son enfance à Boulogne, plus précisément dans les ateliers d’artistes du Pont de Sèvres. Elle a étudié aux Arts Déco, a habité à Paris. Depuis quelques années, elle habite à nouveau dans l’appartement familial du Pont de Sèvres. C’est là, au treizième étage, dans un atelier vitré, baigné de lumière et avec une vue panoramique, qu’elle a produit des pastels sur papier et des aquarelles sur soie, en format paysage et en format portrait, qui constituent la série d’œuvres présentées à la galerie Crèvecoeur à partir du 22 juin 2023.
C’est sa première exposition personnelle. On n’y trouve que des vues de la cité du Pont de Sèvres, vues réalisées depuis le point de vue de son appartement. Des vues rapprochées, des plans larges, des plans en plongée : Clio Sze To réalise ce qui ressemble, si l’on fait appel à une personnification, à une série de portraits obsessionnels d’un seul et même personnage, dont on ferait des gros plans, des plans américains, des plans panoramiques, des plans d’amorce, latéraux et frontaux. De quoi fait-elle le portrait au juste?
Elle fait le portrait d’une cité emblématique du bâti brutaliste des années 1970, capable d’absorber la population de travailleurs nécessaires à la frénésie productive des Trente Glorieuses et d’accueillir ainsi plus de deux mille logements, tous réalisés selon le même plan, dont la moitié de logements sociaux, surplombant un parking de presque quatre mille places. Conçue pour vivre “un peu en autarcie” selon la formule d’un de ses architectes, grâce à ses arcs de cercle, ses croissants et hexagones. “J’ai une maison pleine de fenêtres”, chantait Anne Sylvestre. “Ville tentaculaire” prédisait Émile Verhaeren. Cité tout béton, largement citée dans le rap français, en particulier par Booba, le plus célèbre de ses habitants. “Bienvenue au cœur de l’asphalte”. Sans commentaire apparent, Clio Sze To choisit en priorité le pastel, pourtant connu pour rendre les effets de la matière et le velouté de la carnation et longtemps presque exclusivement appliqué au portrait, pour représenter la verticalité et la rudesse du béton. Un contraste que l’architecte Le Corbusier, ayant eu sa part dans l’histoire du brutalisme résumait ainsi : “Puissent nos bétons si rudes révéler que, sous eux, nos sensibilités sont fines”. En isolant des éléments architecturaux comme les fenêtres, les façades, les balcons, où surgissent des personnages ne se sachant pas observés, elle fait le portrait fragmenté - et un peu voyeur - d’un microcosme qu’elle observe depuis l’enfance, entre ennui et fascination. Qu’apprend-on du monde quand on regarde vivre les gens chez eux dans des bâtiments en concurrence avec le ciel? Qu’est-ce qu’on en retient pour sa propre histoire? Pourquoi ne parle-t-on jamais de peinture d’apprentissage?
Située à la frontière architecturale entre austérité et futurisme, cette mégastructure en béton peut apparaître aussi inquiétante. Regarder ce qui se passe chez les autres, c’est divertissant mais c’est aussi un peu troublant. Les oeuvres de Clio Sze To sont très silencieuses. Les deux techniques choisies : le pastel sur papier déjà évoqué pour son velouté et l’aquarelle sur soie, dont le tracé ne peut être ni totalement net ni totalement régulier, procurent un effet capitonné, qui sème, derrière des paysages tranquilles, un léger trouble. Il y a dans chaque peinture des effets de brume qui rompent avec la radicalité, les lignes franches et les formes géométriques répétitives, de légères volutes de fumée, pas toujours expliquées, qui livrent une sensation de danger imminent. Le pressentiment est accentué par les vertigineux changements d’échelle que l’œil doit effectuer lorsqu’il passe d’une fenêtre à l’intégralité d’une tour. Les présences se font plus fantomatiques, les embrasures impénétrables. Du docu-fiction de voisinage, on passe à une possible science-fiction, façon Blade Runner, que les nocturnes rehaussent. Chronologiquement, ce sont les dernières peintures réalisées par Clio Sze To, des vues de la nuit, depuis la nuit, décrite par l’artiste comme le moment où l’on disparaît soi-même, où la question du temps intime et social se pose différemment.
L’exposition brosse le portrait de petits mondes imbriqués, que l’artiste construit méticuleusement dans un hyper-réalisme apparent, tout en disséminant des indices qui, au fur et à mesure de notre observation, nous éloigneront de plus en plus du Pont de Sèvres de 2023.
PARIS — Cascades
9 rue des Cascades
75 020 Paris – France
from Tue. - Fri.
10 a.m. to 6 p.m.
on Sat. 11 a.m. to 7 p.m.
and by appointment
PARIS — Beaune
5 & 7 rue de Beaune
75 007 Paris – France
from Tue. - Fri.
10 a.m. to 6 p.m.
on Sat. 11 a.m. to 7 p.m.
and by appointment
Contact
PARIS — CASCADES: +33 (0)9 54 57 31 26
PARIS — BEAUNE: +33 (0)9 62 64 38 84
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