Martine Bedin

La part des choses
5 & 7 rue de Beaune, Paris

X

Even the cat believes it. Such was the title of the first work in this series of watercolours on natural linen paper, before the exhibition titled La part des choses presented the continuation. A trompe-l’œil even for a cat? It is known that a cat’s field of vision spans 260 degrees, giving it a panoramic view of its environment.

At 7 rue de Beaune: six paintings. A long, detailed shot of the objects on the artist’s table. The watercolour captures things with no possible way back. Porcelain bowls from Japan, a traditional coffee cup from Warsaw, a cup picked up on rue du Jacob, a mass-distribution dishrack. There is something of a self-portrait in this depiction of rather disparate items of crockery. Objects stocked at the back of a cupboard and which only come to life when needed. A life spent partly in the shadows and partly in light. In part silent and in part shrill. The object slowly takes shape on a plain surface, and its shadow turns just like the time being given on a sundial. Each hour is exact. Each shadow unveils a little of the object’s truth. But the more this truth is unveiled, the more an object, which can be quite familiar, seems to be part of a different reality.

At 5 rue de Beaune: two standing mirrors, which painted parts can be rotated entirely, echo the rotation/revolution of shadows in the paintings. These are also “reflections of objects placed on the table, in front, at night, with no or almost no shadows, shadows of an American night, nocturnal, artificial lighting, with a lemon-yellow blaze,” writes the artist. These objects/paintings evoke pell-mell Spanish still-lifes, Renaissance vanitas globes, astrolabes from ancient collections, the velvet of Visconti films, fairytales, images that stay in the mind with the authority of memories. 

Martine Bedin has been drawing objects ever since she started out as a designer with Memphis - objects to change the world, objects “which, like viruses, infiltrated neat bourgeois interiors, to make the domestic order sicken.”(1) Objects still fascinate her. But, found in everyday life, already there, scrutinised by the artist who tips them into another dimension. 

Another animal then comes to mind, after a cat playing with its shadow and that of other things – which we like to think it takes for real objects. An octopus. According to Vinciane Despret in Autobiographie d’un poulpe et autres récits d’anticipation, for octopuses the projection of ink, long interpreted as a screen to blur the vision of its adversaries, is in fact analogous to an image, allowing them to produce an appearance of themselves, like a shadow.

Faire la part des choses or “making allowances” means finding the happy medium between two situations, or two divergent opinions… Martine Bedin here offers a voyage between reality and fiction — one that projects a shadow or an anamorphic reflection. 



(1) Objets nos amis, une conversation, Martine Bedin, Claude Eveno, 2019. 

Même le chat y croit. C’était le titre de la première œuvre de cette série d’aquarelles sur papier de lin naturel, dont l’exposition intitulée « La part des choses » présente la suite. Trompe-l’œil même du chat? Le chat dont on sait que le champ de vision peut atteindre 260 degrés, lui offrant une vue panoramique de son environnement.

Au 7 rue de Beaune : six tableaux. Une prise longue et minutieuse d’objets posés sur la table de l’artiste. L’aquarelle fixe les choses sans retour possible. Des bols en porcelaine du Japon, une tasse à café traditionnelle de Varsovie, une coupelle chinée rue Jacob, un égouttoir de grande distribution. Il y a quelque chose de l’autoportrait dans cette représentation d’objets, assez disparates. Objets qu’on garde au fond des placards et qui ne prennent vie que quand on en a besoin. Une vie en partie dans l’ombre et en partie dans la lumière. En partie silencieuse et en partie aiguë. L’objet prend forme petit à petit sur la surface brute, et son ombre tourne comme celle qui donne l’heure sur un cadran solaire. Chaque heure est exacte. Chaque ombre dévoile une part de vérité de l’objet. Mais plus cette part se dévoile, plus l’objet, pourtant si familier, nous apparaît dans une autre réalité.

Au 5 rue de Beaune : deux psychés, dont la part peinte peut tourner entièrement sur elles-mêmes, font écho à la rotation/révolution des ombres des peintures. Ce sont encore des « reflets d’objets posés sur la table, devant, dans la nuit, sans ombre ou presque, ombres de nuit américaine, éclairage nocturne, artificiel, brûlé sur les citrons », écrit l’artiste. Ces objets/peintures évoquent pêle-mêle les natures mortes espagnoles, les globes des vanités de la Renaissance, les astrolabes des collections anciennes, le velours des films de Visconti, les contes de fées, des images qui restent dans la mémoire avec l’autorité du souvenir. 

Martine Bedin a dessiné des objets depuis ses débuts de designer avec Memphis - des objets pour changer le monde, des objets, « qui, tels des virus, s’infiltraient dans les intérieurs bourgeois bien assortis, pour en rendre malade l’ordre domestique. »(1) L’objet la fascine toujours. Mais, trouvé dans le quotidien, déjà là, scruté par l’artiste qui le bascule dans une autre dimension. 
 
Un autre animal nous vient alors à l’esprit, après le chat qui joue avec son ombre et celle des objets - et dont on aime à croire qu’il la prend pour un objet réel. Le poulpe. D’après Vinciane Despret dans Autobiographie d’un poulpe et autres récits d’anticipation, chez les poulpes la projection de l’encre, si longtemps interprétée comme un écran permettant de troubler la vision de l’adversaire, serait en fait analogue à celle d’une image, qui leur permettrait de produire une apparence d’eux-mêmes, comme une ombre.

Faire la part des choses, c’est trouver le juste milieu entre deux situations, entre des avis divergents… Martine Bedin propose ici de naviguer entre une réalité et une fiction qui en offre l’ombre projetée ou le reflet anamorphosé. 



(1) Objets nos amis, une conversation, Martine Bedin, Claude Eveno, 2019. 

EN : Even the cat believes it. Such was the title of the first work in this series of watercolours on natural linen paper, before the exhibition titled La part des choses presented the continuation. A trompe-l’œil even for a cat? It is known that a cat’s field of vision spans...
FR: Même le chat y croit. C’était le titre de la première œuvre de cette série d’aquarelles sur papier de lin naturel, dont l’exposition intitulée « La part des choses » présente la suite. Trompe-l’œil même du chat? Le chat dont on sait que le champ de vis...
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Exhibition view, La part des choses, 2025, Crèvecœur, Paris. Courtesy of the artist and Crèvecœur, Paris.

Verre super-marché et caraffe cristal, 2025, watercolor on linen paper mounted on canvas, 70 × 96 cm

Verre super-marché et caraffe cristal, 2025
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Plat à gratin et porcelaine japonaise, 2025, watercolor on linen paper mounted on canvas, 70 × 96 cm

Plat à gratin et porcelaine japonaise, 2025 
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Exhibition view, La part des choses, 2025, Crèvecœur, Paris. Courtesy of the artist and Crèvecœur, Paris.

À peu de choses près, 2025, watercolor on linen paper mounted on canvas, 70 × 96 cm

Exhibition view, La part des choses, 2025, Crèvecœur, Paris. Courtesy of the artist and Crèvecœur, Paris.

Exhibition view, La part des choses, 2025, Crèvecœur, Paris. Courtesy of the artist and Crèvecœur, Paris.

Tasse polonaise et passoire, 2025, watercolor on linen paper mounted on canvas, 70 × 96 cm

Tasse polonaise et passoire, 2025 
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Exhibition view, La part des choses, 2025, Crèvecœur, Paris. Courtesy of the artist and Crèvecœur, Paris.

Bols marocains sur balcon, 2025, watercolor on linen paper mounted on canvas, 70 × 96 cm

Plat à gratin et porcelaine à mignardises, 2025, watercolor on linen paper mounted on canvas, 70 × 96 cm

Plat à gratin et porcelaine à mignardises, 2025,
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Exhibition view, La part des choses, 2025, Crèvecœur, Paris. Courtesy of the artist and Crèvecœur, Paris.

citrons nocturnes, 2025, oil on wood, 79,2 × 63 × 32 cm

citrons nocturnes, 2025,
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citrons nocturnes, 2025

citrons nocturnes, 2025

Exhibition view, La part des choses, 2025, Crèvecœur, Paris. Courtesy of the artist and Crèvecœur, Paris.

Exhibition view, La part des choses, 2025, Crèvecœur, Paris. Courtesy of the artist and Crèvecœur, Paris.

après dîner, 2025, oil on wood, 79,2 × 63 × 32 cm

après dîner, 2025
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après dîner, 2025

Exhibition view, La part des choses, 2025, Crèvecœur, Paris. Courtesy of the artist and Crèvecœur, Paris.