Martine Bedin, the architect and designer who helped to cofound the Memphis group in Milan in 1980, is presenting a series of works created between 1984 and 2022, at the crossroads between painting and sculpture, as well as two sets of drawings.

“Taking with her the baggage of her experiences, her notions, her sense of space, her perception of rhythms (…)”, to quote Sottsass concerning her work, Martine Bedin has set about producing in this series an experience at the polar opposite of design, with the question of function and industrial production here being shifted.

The 1984 drawings, depicting forms in space, were initially conceived as utopian architectures, in the midst of the Memphis period, with their recognisably experimental dimension. But, on re-examining them alongside her current work, they are floating objects, detached from the landscape, closer to mental forms than technical drawings for a building. The 2018 drawings, intentionally presented in a dialogue with the older ones, are studies for vases which are no longer just studies, and which led to the oil-on-wood series ‘Vase in Vase’ (2022-2023).

While the form plays at once with the idea of a vase and a statue, the subject is set in a dialogue with both still lifes and portraits. They are objects with a theatrical presence, standing like sentinels in the gallery space, suggesting an insolent, critical fusion between painting and sculpture. Through a subtle play of contrasts of shadow and light, and a superposition of the lines and patterns that create the “background”, the fruit depicted on each ‘Palazzo’ seems to be on the verge of dematerialising.

“The slightest still life is a metaphysical landscape”, wrote Francis Ponge. These seemingly new correspondences between design and matter plunge us into unsuspected reflections about the relationship between the works and other objects in the world, and about the frontiers of the world of the senses.

Translated by Ian Monk

Martine Bedin, architecte et designer ayant participé à la création du groupe Memphis à Milan en 1980, présente un ensemble d’œuvres réalisées entre 1984 et 2022, se situant à mi-chemin entre peinture et sculpture, ainsi que deux séries de dessins.

« Emportant avec elle la valise de ses expériences, de ses notions, de son sens de l’espace, sa perception des rythmes (…) », comme l’écrivait Sottsass à propos de son travail, Martine Bedin fait pour cette série l’expérience d’une production aux antipodes du design, la question de la fonction et de la production industrielle étant ici déplacée.

Les dessins de 1984, présentant des formes dans l’espace, ont été conçus initialement comme des architectures utopiques, en pleine période Memphis, dont on reconnaît la dimension expérimentale. Elles sont aussi, à la relecture de la production actuelle, des objets flottants, détachés du paysage, plus proches de la forme mentale que du plan technique d’un bâtiment. Les dessins de 2018, volontairement présentés en dialogue avec les plus anciens, sont des études de vases qui n’en sont déjà plus et qui ont mené à la série d’huiles sur bois ‘Vase in Vase’ (2022-2023).

Si la forme joue à la fois avec l’idée de vase et de statue, le sujet s’inscrit dans un dialogue à la fois avec la nature morte et avec le portrait. Ce sont des objets à la présence théâtrale, dressés comme des sentinelles dans l’espace de la galerie, qui suggèrent une fusion, insolente et grave, de la peinture et de la sculpture. Sur chaque ‘Palazzo’, par un jeu subtil de contraste entre ombre et lumière, et de superposition de lignes et de motifs créant le “fond de scène”, le fruit représenté semble être sur le point de se dématérialiser.

« La moindre nature morte est un paysage métaphysique », écrivait Francis Ponge. Ce qui semble être ici un jeu de correspondances nouvelles entre dessin et matière nous plonge dans une réflexion insoupçonnée sur le rapport entre les œuvres et les autres objets du monde, et sur les limites du monde sensible.