La sculpture de Naoki Sutter-Shudo est directe et sensible. C’est-à-dire qu’elle a, au premier abord, une forme d’évidence formelle, une eurythmie silencieuse, qui contraste avec la multiplicité de petites narrations, références intimes, hasards ou déjà-vus qui semblent l’avoir composée.

Chacune des cinq oeuvres présentées ici repose sur un équilibre quasi-impossible, qu’il s’agisse de propriétés physiques, d’iconographie, ou de sens. Elles oscillent entre la fatalité de la gravité et une verticalité effrontée, entre une souplesse nonchalante et une vigueur laquée, entre un environnement naturel et une architecture minutieusement construite, entre un aspect profane et sacré et il semble qu’on pourrait énumérer infiniment ces antithèses. Antithèses qui peuvent plutôt être vues comme des correspondances, comme des tentatives intrépides de réconciliation. Les notions co-existent, en créant ainsi un langage propre, qui s’éloigne le plus possible d’un propos manichéen.

Les titres des sculptures de Naoki Sutter-Shudo sont souvent des néologismes, et ce n’est pas un hasard. Il faut une langue, tout aussi directe et sensible que sa sculpture, pour s’en approcher, pour tourner autour, indéfiniment, comme on le fait face à chaque objet. Recapité = décapité + tête remise à sa place ou posée sur le corps d’un autre. Fe, Cui, Serp, font penser à des abréviations ou à des acronymes. Seul Trottoir hivernal semble poétiser. Peut-être que la grâce et la radicalité de la sculpture de Naoki Sutter-Shudo peut résider dans cette simple description : ici, la neige a fondu et scintille sur l’asphalte, mais il en reste sur la terre autour de l’arbre.

Naoki Sutter-Shudo est né en 1990 à Paris. Il vit à Los Angeles. Sculpture est sa deuxième exposition personnelle à la galerie Crèvecoeur.

Naoki Sutter-Shudo’s sculpture is direct and sensitive. That is to say, it has, at first glance, a form of formal evidence, a silent eurhythmics, which contrasts with the multiplicity of small narratives, whispered intimate references, coincidences or déjà-vus that seem to have composed it.

Each of the five works presented here rests on a quasi-impossible equilibrium, whether it is a question of physical properties, iconography, or meaning. They oscillate between the fatality of gravity and a brazen verticality, between a nonchalant suppleness and a lacquered vigor, between a natural environment and a meticulously constructed architecture, between a profane and a sacred aspect, and it seems that one could enumerate these antitheses endlessly. Antitheses that can rather be seen as correspondences, as intrepid attempts of reconciliation. The notions co-exist, thus creating a language of their own, which is as far away as possible from a Manichean statement.

The titles of Naoki Sutter-Shudo’s sculptures are often neologisms, and this is no accident. It takes a language, just as direct and sensitive as his sculpture, to get close to it, to turn around it, indefinitely, as one does in front of each object. Recapitated = decapitated + head put back in its place or put on the body of another. Fe, Cui, Serp, make us think of abbreviations or acronyms. Only Trottoir hivernal [Winter Sidewalk] seems to poeticize. Perhaps the grace and radicalness of Naoki Sutter-Shudo’s sculpture can be found in this simple description: here, the snow has melted and glistens on the asphalt, but there is still some on the ground around the tree.

Naoki Sutter-Shudo was born in 1990 in Paris. He lives in Los Angeles. Sculpture is his second solo exhibition at Crèvecoeur.