Crèvecœur

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Than Hussein Clark

Hollywood Regency, Crèvecœur, Paris

text Press

J’ai beaucoup pensé, récemment, à la phrase de Fassbinder qui dit qu’au cœur de sa profession, il y a ce qu’il appelle « l’exploitation des sentiments ». Dans la république imaginée de Fassbinder, la question du lien entre les sentiments, l’esthétique et le capital est très radicale, je dirais qu’on donne assez peu accès aux sentiments dans l’espace d’exposition, si fièrement célébré comme un rigoureux creuset d’idées critiques.

Comme un acteur que je dirigerais pour se préparer à un rôle, je me suis demandé comment exploiter mes sentiments pour produire un objet, et comme un acteur que je dirigerais pour se préparer à un rôle, je dois me demander comment créer un monde dans lequel ces sentiments peuvent naître, afin de produire cette exposition.

Cette machine imaginative, ma République imaginée, construite avec des outils volés aux acteurs - circonstances, postulats, sentiments, conditions - je vais maintenant essayer de la décrire. Appelons-la « la Septième République », en pensant à « Comme il vous plaira » de Shakespeare, où avant la Mort, on entre dans la septième et dernière scène de la vie.

Ces trois derniers mois, je me suis demandé comment il était possible de produire une exposition sur ce que ça doit être d’être un gay républicain, sur la violence de l’émancipation, sur l’entropie - et un sentiment diffus de fin, de perte. En vérité, je pense à cette possibilité depuis deux ans, parce que, comme une ombre, cette possibilité semble me poursuivre, moi qui ai été témoin, maintes et maintes fois, du « love winning ». J’ai déjà évoqué ça dans le passé, en écrivant dans Heterophobia Edition de Salt Magazine, coédité avec Villa Design Group.

Et puis les drapeaux sont arrivés. D’un coup. Par vagues, partout sur mon flux Facebook. D’abord en Amérique. Puis dans le monde entier. Tous avec le festif #lovewins. Et pourtant, si quelqu’un regardait mon statut et ses mises à jour, il aurait trouvé des trucs comme “ WELL WHAT A JOYOUS FUCK YOU TO ALL THE HATERS AS WELL: FUCK YOU WESTBOROUGH/FUCK YOU SCALIA/FUCK YOU PAT ROBERTSON/FUCK YOU JESSE HELMS/ FUCK YOU REAGAN/ FUCK YOU BUSH AND CO/ FUCK YOU PAT BUCHANAN: AND ALL OF THE REST OF YOU THAT HAVE BEEN THERE OVER THE LAST THIRTY THREE YEARS IN THE DAMN WAY”, je me sentais incapable de rejoindre la parade des drapeaux… Encore et encore, j’étais frappé par le fait que la plupart, sinon tous ceux qui avaient choisi de superposer leur photo sur un arc-en-ciel et d’exprimer le hashtag #lovewins étaient des hétérosexuels. Quand ils n’utilisaient pas des photos de leur propre mariage comme première image pour y superposer sur laquelle l’application « fierté » arc-en-ciel. Qu’est-ce que l’Hétérosexualité fabrique à célébrer mon émancipation vers quelque chose que je n’ai même jamais su que je voulais? … Peut-être que si pour les Hétérosexuels #lovewins, alors une certaine promesse de la démocratie est consolidée, et donc le système démocratique n’est pas complètement détruit par le capital. Alors, quand #lovewins, la victoire est celle du capital, c’est-à-dire que ceux qui se sont depuis la naissance politiquement émancipés sont aveuglés par les fissures croissantes de ce système… Méfiez-vous de la solidarité, et soyez effrayés de concéder des droits à ceux pour qui il n’en a jamais été question. Parce que cette concession sera utilisée par un axe plus grand pour manipuler les droits et les promesses, en assombrissant ceux des gens qui n’en ont pas. La compassion des hétérosexuels me fait peur. Les prises de position publiques en ma faveur des hétérosexuels me fait peur, ça découle de l’imbrication de l’hétérosexualité et du capital, pour le malheur de tous.

Cette situation est devenue encore plus paradoxale, quand cette promesse de coalition arc-en-ciel qui sonnait les trompettes de la victoire de l’amour, a sombré l’année dernière. Brexit, Trump, Milo… On dirait qu’il va falloir faire face à plus grave encore. C’est vrai, j’ai vécu mon émancipation non pas comme une étape de croissance, mais comme une étape de perte, une défaite graduelle et progressive de différence qui m’a laissé pile au centre du pouvoir de la république. Et c’est vrai aussi, alors que j’ai vu les paramètres qui m’ont fait comprendre ma différence disparaître (c’est-à-dire les modalités de mon émancipation), je me suis demandé : si je ne suis plus un homosexuel, alors que suis-je devenu ? Et c’est vrai, je me suis regardé dans une glace, et j’y ai vu d’autres aspects de moi-même devenir nets - blanc, cisgenre, homme - et je me suis dit, est-ce que l’émancipation de la république m’a transformé en républicain ?
Mais, avec le retour du fascisme l’an dernier, je me suis retrouvé (et j’en suis toujours là) aux prises avec avec le sentiment que de nombreuses choses étaient en train de vivre leur fin, à part mon homosexualité. Et j’ai ressenti viscéralement ces pertes - qu’il s’agisse d’amitiés, de relations, de façons de travailler, de promesses éthiques, et de modes de pensée. Est-ce que ce sentiment de perte continuelle exige un retour au sens de la citoyenneté, à un genre de subjectivité radicale politiquement traditionnelle, qu’à un moment donné ii était vital pour moi de rejeter ?

Lors d’une récente visite d’atelier un curateur m’a regardé d’un air interrogatif quand j’ai déclaré que j’avais l’impression que ce monde, que la démocratie, que cette espèce de promesse éthique était en train de s’achever. Quand on les met au défi, ils disent - mais est-ce que ça a déjà vraiment existé ? Ce défi, il fallait s’y attendre, parce que finalement, c’était le mien aussi. Penser, ne pas penser, savoir, ne pas savoir. Il n’y a pas longtemps, à la marche des femmes à Washington, j’ai été obligée de faire taire la petite voix dans ma tête qui criait « pourquoi est-ce que personne ne parle d’argent? pourquoi est-ce que personne ne parle d’argent? » pour pouvoir admettre que c’était bien d’être là. Comme un acteur que je dirigerais pour se préparer à un rôle, je m’efforce d’apprendre ces nouvelles répliques - alors que beaucoup d’entre nous ont reçu les possibilités critiques de cadrer et recadrer les réalités du pouvoir pour comprendre que les promesses de libération et d’inclusion sont souvent des ruses cachant un nouvel obscurantisme, il y en a beaucoup d’autres qui ont cru que la promesse démocratique était véritable. En décembre dernier, alors que je voyageais avec mes parents dans des réserves privées au Sud Est du Botswana, j’ai dû faire face à l’idée que c’était peut-être la dernière fois que je partageais une telle expérience avec eux, à presque quatre-vingt ans. Ma mère, femme politique, et mon père, médecin, tous deux démocrates convaincus, tous deux purs produits des mouvements sociaux des années soixante, et tous deux assez âgés pour se souvenir de la promesse de l’exceptionalisme des démocraties libérales occidentales de l’après-guerre n’avaient de cesse de parler de la rupture du système pour lequel on s’est longuement et âprement battu.

Les objets dans cette exposition ont commencé à prendre forme au cœur de ce paysage politique, géographique et émotionnel. Dans l’avion du retour, alors que regardais en pleurant « Ma vie avec Liberace », j’ai repensé à cette vision conradienne de moi-même disloqué, à la recherche d’éléphants au milieu de la nuit - l’horreur, vraiment l’horreur - ET SI, COMME LES GIRAFES, LES HOMOSEXUELS ETAIENT EN VOIE DE DISPARITION?

Recently, Fassbinder ’s assertion that at the centre of his metier is what he calls the «exploitability of feelings”, has been much on my mind. In Fassbinder’s imagined republic the question of how feeling might be linked to the aesthetic and to capital is hardly radical, I would assert that feelings are rarely granted access to the exhibition space so proudly celebrated as only a rigorous crucible of critical ideas.

So, like an an actor I would direct in order to prepare a role, I have been asking myself to exploit my feelings in order to produce an object, and, like an an actor, I would direct in order to prepare a role, I must ask myself to create a world in which those feelings can come to life, in order to produce an exhibition. This imaginative machinery, my imagined Republic, constructed with tools stolen from the actor - circumstances, postulations, feelings, ifs - I will now try to describe. Let us call it “The Seventh Republic”, thinking of Shakespeare’s As You Like It, where before Death, we enter life’s final seventh stage-

Over the past three months, I have been wondering how is might be possible to produce an exhibition about what it might be like to be a gay republican, the violence of enfranchisement, entropy - a feeling of ends, of loss. In truth, perhaps, I have been thinking about this possibility for the last two years, for, like a shadow, this possibility and this ending, has seemed to follow me as I have borne witness to what might be called “love winning” time and time again. I have tried to outline this before, writing previously, in the Heterophobia Edition of Salt Magazine Co-edited by Villa Design Group—

And then the flags came. Thick and Fast. All over my Facebook feed in waves. First in America. Then across the world. All with the celebratory #lovewins. And although, if one were to look back on my status updates you will find things like, “ WELL WHAT A JOYOUS FUCK YOU TO ALL THE HATERS AS WELL: FUCK YOU WESTBOROUGH/FUCK YOU SCALIA/FUCK YOU PAT ROBERTSON/FUCK YOU JESSE HELMS/ FUCK YOU REAGAN/ FUCK YOU BUSH AND CO/ FUCK YOU PAT BUCHANAN: AND ALL OF THE REST OF YOU THAT HAVE BEEN THERE OVER THE LAST THIRTY THREE YEARS IN THE DAMN WAY”, I found myself unable to join the parade of flags. Over and over again, I was struck by the very fact the most if not all of those who had chosen to overlay there image with a rainbow and exclaim the hashtag #lovewins were Heterosexuals, more often than not using pictures of there own weddings as the first image on which this rainbow ‘pride’ app could be over laid. What is Heterosexuality doing celebrating my enfranchisement into something I never knew that I wanted? Perhaps, if for Heterosexuals #lovewins, a certain promise of democracy is shorn up, that is, the democratic system is not yet completely broken by capital. So when #lovewins, the victory is capital’s, that is, those who have always been enfranchised into a political system from birth are blinded to the ever growing cracks in that system. So be suspicious of solidarity, and be afraid of granting access to ones struggle to those whom it was never related, for that access may be marshaled by a larger axis in order to manipulate the rights that are granted to those whom they were denied as a means of obscuring the rights and promises that were never given to anyone at all. I am afraid of Heterosexuality’s kindness. Afraid of the ways in which my love winning, the carving out of space for me in public life by Heterosexuals, is made by imbrications of Heterosexuality and capital, into everyone’s loss.

This situation has become even more paradoxical, when this promised rainbow coalition, which trumpeted loves victory, lost time and time again over the past year. Brexit, Trump, Milo, and there seems to be more to bear. Yes, I have experienced my enfranchisement not as a process of growth, but of loss, a gradual undoing of difference which has left me right in the centre of the republic’s power. And yes, as I have seen the parameters by which I have understood my queerness fade away i.e.. the terms of my disenfrachisement - I have asked myself, if I am no longer a homosexual, then what have I become? And yes, I have looked in the mirror, and seen other sections of myself come into focus - white and CIS and and male - and I thought to myself, has my enfranchisement into the republic turned me into a republican?

But, with the rising tide of facism over the last year, I have also now been struck - currently - with the feeling that many things besides my homosexuality are at the end. And I have felt those losses viscerally as well - Friendships, relationships, ways of working, ethical promises, and modes of thought. And does this feeling of continual loss, require a return to a sense of Citzenship, of a kind of traditionally politically radical subjethood that it at one point it felt absolutely vital to reject. In a recent studio visit in which a curator looked at me askance when I stated that I was fighting the feeling that the world, that democracy, that some kind of ethical promise was ending.

When challenged they asked - Isn’t the question if we ever thought it existed in the first place? This challenge was to be expected, as in someways, it has been my own, the challenge between thinking and feeling, knowing not knowing. As recently, while participating on the woman march on Washington, I found myself having to silence the voice in my head which was screaming “Why is no-one speaking about the money, Why is know one speaking about the money”, in order to accept that it somehow felt right to be there. So like an actor, I would direct in order to prepare a role, I am asking myself to learn these new characters lines - Whilst many of us have been given the critical apertures by which to frame and reframe the realities of power to understand that promises of liberation and inclusion are often only ruses for further obfuscation, there are many others who have felt that democratic promise to be true. As when in December of this year I traveled with my parents to two private game reserves in the south east corner of Botswana; while I was confronting the fact that this perhaps was the last time I would be having such an experience with them, as they are approaching there eighties, my mother, a career politician, and my father, a doctor, both committed democrats, both products of the social movements of the sixtes, and both old enough to remember and believe the post-war promise of the west’s liberal democratic exeptionalism, confronted and talked insistently of the breakdown of the system that had fought long and hard to believe in.

The objects in this exhibition began to take shape in this emotional, geographic, and poltical landscape. On the plane home, while weeping and watching the Liberace Biopic, Behind the Candelabra - I began to recoil at this Conradian vision of my dislocated self, looking for elephants in the middle of the night - the horror, oh yes, the horror - WHAT IF, LIKE THE GIRAFFE, THE HOMOSEXUAL IS SOON TO BE EXTINCT?

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Hollywood Regency, 2017, exhibition view, Crèvecœur, Paris. © Aurélien Mole

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