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Julien Carreyn

Art Basel Miami Beach, Positions, Miami

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Julien Carreyn développe une pratique artistique basée sur la fabrication d’images, les modes d’apparition, d’organisation, de classement et de montage des images. Il est l’auteur d’un corpus d’images très dense où photographies, dessins, et peintures se côtoient sans hiérarchie, explorant des territoires aussi variés que l’est sa culture transversale de l’image et qui englobe l’histoire de l’art et le cinéma, la musique électronique, mais également des territoires plus «underground» comme la bande dessinée érotique des années 70, les manga… 

Pour Positions, Julien Carreyn propose un projet conçu comme un jeu de piste réduit au strict minimum : un podium central et deux socles imposant une circulation dans l’espace autour de quelques images-clés d’un film qui n’existe plus, ou pas, ou pas encore. 

Sur les tirages pigmentaires présentés aux murs, une couleur rose dérivée du Pantone 169C se substitue au noir, enveloppant ces images à l’apparence banale - scènes de rue de Paris, objets quotidiens, intérieurs familiers -  dans une atmosphère crépusculaire à la douceur bienveillante.

Sur le podium central est disposée une table signée Pierre Guariche, designer français (1926-1995), membre de l’Union des Artistes Modernes, sur laquelle repose la bande-annonce d’une série de vingt-cinq dessins. Sont présents également au centre de l’espace deux socles sur lesquels repose un ensemble de vitrines en plexiglas présentant des documents préparatoires et/ou complémentaires à l’accrochage, sous forme de photos et dessins empilés. Ces images superposées instaurent des jeux de transparence, d’effacement, se moquant de toute hiérarchie entre documents, archives et oeuvres d’art dont le trait commun est qu’ils sont tous réalisés par l’artiste.
A une époque où les toujours nouveaux modes de communication nous imposent un système qui semble redéfini en permanence, cet environnement esthétique - survivance d’un prestige français supposé rencontrant les signes d’une mondialisation subie - révèle l’existence d’un monde qu’on ne sait plus, ou pas, ou pas encore, définir. 

Julien Carreyn décrit ‘Sublimation Thermique’ comme le scénario d’un film de science-fiction dont l’action se déroule dans un pays contaminé par un gaz étrange, un smog, saisissant tout le monde dans un engourdissement éthéré. Ce gaz peut être interprété de différentes manières : internet, la radioactivité, la France de 2014… En choisissant de symboliser cette contamination par la coloration du pantone 169C, l’artiste emploie un concept qui rencontra quelques rares exemples au cinéma durant le siècle dernier, dans les années 1960/70 : Solaris (Tarkovski), Le monde sur le fil (Fassbinder), La Jetée (Chris Marker) trois films de S.F. dont l’élégance due à un manque de moyens illuminait le questionnement introspectif (qui aurait été parasité par une débauche d’effets spéciaux). 
Au sein de ce dispositif non ostentatoire aux moyens de production assez modestes - l’artiste imagine ce fragment de récit labellisé S-F mêlant le mystère à l’émotion, le témoignage à l’imaginaire, le passé au futur, et le jeu à l’étude.




S’agit-il d’un film, d’un pitch, d’un clip, d’un making-of ou d’un mood-board ?
Cette couleur évoque-t-elle l’ancien (délavée, lointaine) ou le moderne (lumineuse, uniforme) ?
Ces dents arrachées sont-elle sensuelles ou morbides ?
Ce socle est il un présentoir (pour poser la vitrine) ou un banc (pour s’asseoir et regarder l’accrochage) ?
Cet environnement est-il domestique (bureau Louis Philippe) ou institutionnel (socle blanc muséal) ?
Qui a-t-on voulu photographier, Bernard Cazeneuve dans l’hémicycle ou une jeune fille nue portant des lunettes ?
Doit-on mélanger l’érotisme et la politique ?
Le privé et le public ?
Cette photo d’un atelier de fabrication artisanale de treillages rend-elle hommage à Kubrick ou à Rohmer?
Ces images sont elles artistiques ou documentaires ?
Sont-elles drôles ou tristes ?
Est ce la fin d’une civilisation ou le début d’une autre ?



Julien Carreyn, 2014

Julien Carreyn’s artistic approach is based on image-making, the ways images appear before us, and the ways they are organised, classified and mounted. He has created an extensive corpus of images in which photographs, drawings and paintings coexist with no particular sense of hierarchy. They explore territories that are as varied as his own cross-disciplinary culture of the image, which embraces not only the history of art and film, but also electronic music and more ‘underground’ fields such as 1970s erotic graphic novels and mangas.

For Positions, Julien Carreyn offers a project conceived as a treasure trail reduced to its absolute minimum: a large podium and two plinths that make visitors walk around the room in front of a few images from a film that no longer exists, has never existed, or does not yet exist. 

On the black and white pigment prints presented on the walls, a pink hue derived from Pantone 169C is substituted for black, lending the ostensibly banal images (Paris street scenes, everyday objects, familiar interiors) a gently benevolent crepuscular atmosphere.

In the central area, are presented two plinths with acrylic vitrines and an oversized plinth displaying a table by Pierre Guariche, French designer (1926-1995), member of «Union des artistes modernes». Halfway through, the viewer approaches the set of plexiglass display boxes presenting preparatory and/or complementary documents relating to the pictures on the walls, in the form of piles of photos and drawings. These piled up images create effects of transparency and obliteration, with no hierarchy between documents, archives and artworks—whose common denominator is that the artist made them all.

At a time when new modes of communication impose a system that seems to be constantly redefined, this aesthetic environment—where a throwback to a form of putative French prestige meets signs of intractable globalisation—reveals the existence of a world that we cannot, or can no longer, or cannot yet define. 

Julien Carreyn describes ‘Sublimation Thermique’ as the screenplay for a science fiction film set in a country contaminated by a strange gas or smog, which causes everyone to fall into a state of ethereal numbness. The gas can be interpreted in a number of ways: Internet, radioactivity, France in 2014, and so on. By choosing to symbolise this contamination using Pantone 169C, the artist is using a concept of which there are just a handful of examples in films from the sixties and seventies, namely Solaris (Tarkovsky), World on a Wire (Fassbinder), and La Jetée (Chris Marker): three science fiction movies whose elegance, arising from a lack of resources, shed light on introspective self-questioning - something that would have been diminished by an orgy of special effects. 

At the heart of this understated installation with relatively modest production values, the artist has invented a fragment of a self-styled science fiction story that combines mystery with emotion, testimonial with imagination, the past with the future, and play with study.




Is this a film, a pitch, a video clip, a making-of or a mood board?
Is this colour evocative of age (washed-out and remote) or modernity (bright and uniform)?
Are these pulled-out teeth sensuous or morbid?
Is this plinth a display stand (to put the showcase on) or a bench (to sit on and look at the pictures on the walls)?
Is this environment domestic or institutional ?
Should eroticism and politics be mixed?
What about the private and the public?
Is this photo of a trellis-making craft workshop a tribute to Kubrick or Rohmer?
Are these images artistic or documentary?
Are they funny or sad?
Is this the end of a civilisation or the beginning of another?



Julien Carreyn, 2014

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Art Basel Miami Beach, Positions, 2014, booth view, Julien Carreyn © Silvia Rios

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Art Basel Miami Beach, Positions, 2014, booth view, Julien Carreyn © Silvia Rios

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Julien Carreyn, libri italiani (Sublimation thermique), 2014, archival pigment print © Julien Carreyn

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Julien Carreyn, Val de Loire Treillage (Sublimation thermique), 2014, archival pigment print © Julien Carreyn

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Julien Carreyn, Emma et les diictodons, Art Basel Miami Beach, Positions, 2014, booth view © Julien Carreyn

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Julien Carreyn, Emma et les diictodons (detail), 2013, graphite on paper © Julien Carreyn