On est sûr de trouver une multitude d’influences, de références, et pourtant plus on cherche à les déceler moins on parvient à les identifier. Bien sûr, ce n’est pas Guido Crepax, ce n’est pas Enki Bilal, ce n’est pas Bernard Buffet. Ce n’est pas non plus Feininger. Ni Alice Neel, ni Schiele. Pas Mattoti.
Le trait est vif et anguleux, les angles acérés, le papier est marqué. Athena
Les visages sont émaciés, les expressions neutres, on ne se regarde pas vraiment, on ne s’ignore pas non plus. On est juste là, à côté les uns des autres. Dans une intimité insolente qui dérange un peu parce qu’elle n’appartient qu’aux jeunes. Et qu’on est un peu moins jeunes, là, à les regarder. Chicago. Kappa.
On est plongé dans une oisiveté, une léthargie, une insouciance peut-être, une gravité certainement. Mais alors, ils font quoi ? Com-8, Perrier.
Un objectif grand-angle dévoile, tout en plongées et contre-plongées des paysages vertigineux de balcons en plexiglas, de clim rouillées, de pavillons inutiles, de cyprès torturés. C’est en banlieue, on dirait. Ou peut-être dans une ville du futur un peu déshumanisée ? Leroy-Merlin, Carrefour.
Il y a des motifs récurrents, comme ces volutes, qu’on retrouve dans la fumée des cigarettes, dans les mèches de cheveux des filles impudiques, dans les zones de ciel qui surplombent la (non) action. Comme ces lacérations : dans les plis des blousons en synthétique, au creux des leggings léopard, sur toutes les phalanges des mains trop dimensionnées. Emerica, H&M.
Deux séries différentes, l’une à l’acrylique et au fusain sur carton ; l’autre - plus petit format - sur un papier si ordinaire qu’il en vient à se déchirer parfois, de dessins faits au BIC et au crayon de couleur, éventuellement. Helly Hansen.
L’histoire de l’art regorge de scènes domestiques et de portraits. C’est ce qu’on a ici aussi. Mais ici, point d’intérieur bourgeois, point de familles touchantes, point de personnalités qualifiées. Un petit peu de sang, beaucoup de grilles, de fenêtres et de barreaux, quelque faux-ongles. Cash Converter.
C’est David Rappeneau, ça s’écoute sans playlist, ça s’avale sans complément alimentaire, ça se regarde sans sous-titres. Un peu comme ce qu’on a tout autour de nous. 2017.
David Rappeneau
$+€, Crèvecœur, ParisYou’re sure to find a crowd of influences, and references, and yet the harder you try to pinpoint them, the less easy it gets to identify them. Of course, it’s not Guido Crepax, it’s not Enki Bilal, and it’s not Bernard Buffet. Nor is it Feininger. Nor Alice Neel, nor Schiele. And not Mattoti.
The trait is bold and angular, with sharp corners, on branded papier: Athena.
The faces are emaciated, the expressions neutral, we no longer look at one another, but nor do we ignore each other. We’re simply there, close by. In an insolent intimacy that is rather off-putting because it’s just for the young. And we’re a bit less young, just look at them. Chicago. Kappa.
We’re plunged into idleness, lethargy, maybe frivolity, and gravity for sure. And so, what are they doing? Com-8, Perrier.
A wide-angle lens unveils, through high and low-angle shots, head-spinning landscapes with Plexiglas balconies, rusted air-conditioning, pointless houses and torturous cypresses. Something like a suburb, apparently. Or else in a rather dehumanised town of the future? Leroy-Merlin, Carrefour.
There are recurring motifs, like these wisps, that can be found in cigarette smoke, or the locks of shameless girls’ hair, or the zones in a sky overlooking this (non) action.
Like these lacerations: in the folds of synthetic jackets, in the hollows of leopard-skin leggings, on all the phalanges of outsized hands. Emerica, H&M.
Two different series, one in acrylic and fusain on cardboard; the other – in a smaller format – on paper that’s so ordinary that it gets ripped sometimes, with drawings done with biros and crayons, maybe. Helly Hansen.
Art history brims over with domestic scenes and portraits. It’s what we’ve got here, too. But here, there are no bourgeois interiors, touching families, or described personalities. A little bit of blood, lots of gratings, windows and bars, a few false nails. Cash Converter.
It’s David Rappeneau, to be listened to without a play-list, to be swallowed without a dietary complement, to be watched without subtitles. A bit like everything that’s there around us. 2017.