C’est la fête à Mathis. Mais Mathis ne l’entend pas de cette oreille. Il commande aux flics de la Comédie Française d’aller faire cesser ceci. Ainsi perchés sur leurs échasses et maniant habilement leurs bolas enflammées, les meilleurs comédiens du royaume fondent sur le Faubourg Saint Antoine où loge le sus-nommé. Les mots fusent. L’insulte de trop est prononcée par un acteur prétentieux. Mathis sort son gant et le gifle. Le duel est inéluctable. Ce sera un concours de Slam. Mathis qui avait pratiqué ce noble art dans sa jeunesse mouche le courtisan d’une rime à double sens dont il ne se relève pas. Le dernier poète debout est en retour banni de la Maison des Artistes. Terrible camouflet pour celui qui porte avec fierté les insignes de sa confédération. Et quand bien même sa cotisation trimestrielle souffre d’un léger retard, le mettre à la porte c’est le condamner à mort.
-Entracte-
Mathis félicite sa milice après avoir joui du récit de leur défaite. Il leur commande deux nouvelles pièces mais se jure de ne plus souffrir ce théâtre contemporain. Il fait fermer la boutique en Avignon et interdit les clowns. Il extrade les comédiens italiens jusqu’alors protégés par Marie de Médicis. La Commedia dell’arte disparait. La censure monte sur scène et condamne aux travaux forcés les Lazzis Pulcinella. On ne rigole plus du tout à Paris. Mathis connait Polichinelle du temps où ils animaient des ateliers d’écriture et d’expression plastique à destination des publics « sensibles ». Aujourd’hui arracheur de dents il décide de garder le spectacle vivant. Mais les gendarmes surveillent toutes les fêtes foraines. Ils goûteront donc d’une poupée à la tête de bois montée sur un sublime petit costume de sequins qui émerge par dessus les franges d’une palissade protectrice. L’improvisation se ressent un peu derrière son masque de rire et de larmes. Mais Mathis s’efface, la marionnette est en vie, les rôles s’inversent, le marionnettiste n’est qu’une poupée. Le roi des fous, par son crime fait rire et pleurer.


Boulevard du crime, 2019, exhibition view, Crèvecœur, Paris © Aurélien Mole

Boulevard du crime, 2019, exhibition view, Crèvecœur, Paris © Aurélien Mole

Boulevard du crime, 2019, exhibition view, Crèvecœur, Paris © Aurélien Mole

Boulevard du crime, 2019, exhibition view, Crèvecœur, Paris © Aurélien Mole

Boulevard du crime, 2019, exhibition view, Crèvecœur, Paris © Aurélien Mole

Boulevard du crime, 2019, exhibition view, Crèvecœur, Paris © Aurélien Mole

Boulevard du crime, 2019, exhibition view, Crèvecœur, Paris © Aurélien Mole

Boulevard du crime, 2019, exhibition view, Crèvecœur, Paris © Aurélien Mole

Boulevard du crime, 2019, exhibition view, Crèvecœur, Paris © Aurélien Mole

Boulevard du crime, 2019, exhibition view, Crèvecœur, Paris © Aurélien Mole

Boulevard du crime, 2019, exhibition view, Crèvecœur, Paris © Aurélien Mole

Boulevard du crime, 2019, exhibition view, Crèvecœur, Paris © Aurélien Mole

En attendant le nouveau crime de Mathis Collins, 2019, lime tree wood, tint, varnish, 150 × 110 cm, © Aurélien Mole

Bonjour, est-ce que vous allez bien ?, 2019, lime tree wood, tint, varnish, 150 × 110 cm, © Aurélien Mole

Une tragédie aux dépens de l’ordre public, 2019, lime tree wood, tint, varnish, 150 × 110 cm, © Aurélien Mole

Bravo, vraiment vous faites un très beau métier, 2019, lime tree wood, tint, varnish, 150 × 110 cm, © Aurélien Mole

Deux critiques sur le boulevard du crime, 2019, lime tree wood, tint, varnish, 150 × 110 cm, © Aurélien Mole

Terrible ce spectable, terrible, 2019, lime tree wood, tint, varnish, 150 × 110 cm, © Aurélien Mole

Une comédie aux dépens de l’hygiène publique, 2019, lime tree wood, tint, varnish, 150 × 110 cm, © Aurélien Mole

Boulevard du crime, 2019, exhibition view, Crèvecoeur, Paris © Aurélien Mole

Polichinelle au chevalet, 2019, wood, tint, varnish, 89 × 40,5 cm