Le travail de Miho Dohi s’apparente à une expérience physique continue menant à une maîtrise de la forme et à une impassibilité de la fonction. L’artiste japonaise, dont c’est la première exposition en Europe, plie, coupe, retourne, assemble et peint, avec une grande douceur, des matériaux usuels : tissu, cuivre, bois, scotch, papier, fil, et poussée par l’impulsion et l’intuition, semble changer constamment de direction lorsque les objets basculent, en raison de leur centre de gravité modifé. Lorsque ces amalgames semblent enfn « prendre forme », tant dans leur noyau qu’à la surface, alors l’artiste les retourne complètement, et un objet émerge alors, quasi-naturellement. Elle déclare ainsi « lorsqu’un objet s’écroule, quelque chose qui n’existait pas en moi devient présent ». Comme des énigmes sans solutions, l’artiste dispose ses sculptures, toujours à peu près de la même taille - environ vingt à trente centimètres - d’un poids indéterminé, sur de grands socles ou au mur, comme pour éviter de brouiller chaque récit qui découle de chacun. Les œuvres ne portent qu’un seul titre : « buttai », et se déclinent en numéros : buttai 70, 71, 72 etc. Sous certains angles, les sculptures suggèrent des maquettes. Sous d’autres, elles prennent une forme biomorphique. Sous d’autres encore, des masques. « Buttai » signifant « objet » en japonais : leur interprétation reste ainsi illimitée pour les spectateurs.
Miho Dohi est née en 1974 à Nara, vit et travaille à Kanagawa au Japon. Elle a réalisé plusieurs expositions personnelles à Nonaka-Hill (Los Angeles), HAGIWARA PROJECTS (Tokyo) et Lulu (Mexico). En 2020, son travail fera l’objet d’une exposition personnelle au Renaissance Society (Chicago) et au Carpenter Center for the Visual Arts at Harvard University.