1711, Alexander Pope, An Essay on Criticism … ‘The bookful blockhead ignorantly read, / With loads of learned lumber in his head’,
1782, H. de Crèvecœur, Letters from an American Farmer ‘Here they live by fishing on the most plentiful coasts in the world; there they fell trees, by the sides of large rivers, for masts and lumber’
Mick Peter présente à la galerie Crèvecœur, The Lumber Room, étrange débarras glaswégien sous char- pente où cohabitent dessins et sculptures. Littéralement, « lumber room » désigne dans une maison un débarras installé sous des charpentes, un grenier ou un cagibi, un lieu où se côtoient, se toisent et s’entrechoquent les éléments domestiques les plus divers, les objets les plus hétéroclites. C’est donc un lieu propice aux associations paradoxales, un espace où Mick Peter, lui-même voyageur (ou plutôt explorateur) de chambre, favorise d’improbables mariages objectaux.
Dans l’entretien paru récemment à l’occasion de sa double exposition Harmonielehere (Dundee, 2008 – Nantes, 2009), Peter confie à l’artiste Nathaniel Mellors qu’ « il veut faire des choses qui répondent de la digression tandis qu’elles sont conçues ». Ce processus particulier de création se trouve chez Peter directement lié à la littérature et à ses procédés où il puise nombre de ses sources, de Flaubert (Bouvard et Pécuchet, Voyage en Egypte) à Xavier de Maistre, Raymond Roussel et nombre d’auteurs anglais à l’ironie sagace tels qu’Alexander Pope, William Combe ou B.S. Johnson. Ce lien étroit entre la création plastique et littéraire lui permet d’introduire dans ses dessins exécutés au pinceau ou pyrogravés , des éléments qui ne s’assemblent pas mais s’allient pour la circonstance. Les perroquets se perchent sur la tête de leurs maîtres (Untitled (Binds)), eux-mêmes étêtés par de lourds rochers (Untitled (who)), la télévision fume, victime d’une éruption en direct qui provoque une alerte rouge dans un intérieur calme et bien agencé.
Ces géniales illustrations scénarisées font également de l’oeuvre graphique de Mick Peter une sorte d’espace expérimental préalable au travail de la sculpture. Dans Moldenke Fiddles On (2008), les outils traditionnels de l’architecte tentent de s’extirper de leurs tables de travail où s’entremêlent de longues scies à bois distordues. Les objets représentés et assemblés entrent ainsi en contradiction avec l’épaisse peinture rouge qui macule le tout et renforce l’idée de violence qui s’en dégage : le travail de création de l’artiste ou de l’architecte se trouve ici évoqué sous le sceau de la violence, de la cruauté d’outils anodins qui semblent ici destinés à la torture. La critique Aude Launay parle à cet endroit « d’anti-logique, appliquée par Peter dans ses mélanges de techniques et références originellement incompatibles » égale- ment qualifiées de « collages sculpturaux ».
Une phrase du Moby Dick d’Herman Melville évoque à elle seule l’état d’esprit du processus créatif chez Mick Peter: « There are many enterprises in which a careful disorderliness is the true method ».
Mick Peter a récemment exposé à la Zoo Galerie (Nantes, 2009), au Generator Projects de Dundee (Ecosse, 2008), à la galerie de Multiples (Paris, 2008) et à la galerie Fortescue Avenue/Johnathan Viner (Londres, 2007). Une exposition lui sera également consacrée à la Salle de Bains à Lyon au début de l’année 2010. Il a participé à de nombreuses expositions collectives : Freak Show et N’importe Quoi (MAC, Lyon, 2007 & 2009), Tropical Truth (Circuit, Lausanne, 2009), Der Ficker (Fortescue Avenue/Johnathan Viner, Londres, 2007), Like it Matters (CCA, Glasgow, 2005), Re-Escape (Transmission Gallery, Glasgow, 2005).
Il est également l’auteur de textes critiques qui paraissent dans des revues ( Frieze, Untitled, Pétunia) et des catalogues d’exposition.