L’existence des images est de plus en plus précaire et massive, soumise à une boulimie oculaire sans limite. Les paramètres de leur consommation – durée / espace – ont pris un tournant déterminant avec le développement exponentiel des technologies, donnant naissance à de nouvelles pratiques culturelles qui n’ont de cesse de renverser les codes esthétiques établis.
Faisant écho au roman d’Henry James : Les Dépouilles de Poynton (1887) – dans lequel il est question de la beauté, de l’amour et du caractère moral de l’art – The Old Things, est le premier nom auquel l’auteur avait pensé pour baptiser son livre. L’exposition renvoie aux conditions d’existence matérielle ainsi qu’à la fétichisation des images. Elle témoigne aussi du rapport subtil entre leur mortalité et la vie des œuvres d’art, qui prennent ici des formes multiples, allant du motif à l’évanescence.
Tradition séculaire, la peinture est un medium complexe et soumis à des yeux particulièrement aiguisés par le temps et l’histoire. Inlassablement remise en doute, à l’épreuve, elle prend des formes de plus en plus hybrides, inattendues et disparates.
The Old Things prend le parti de rassembler quatre artistes autour d’un nu masculin de David Salle, pièce emblématique datant de sa première exposition en 1981 (Mary Boone Gallery, New York). France-Lise Mc Gurn, Tamara Henderson, Louise Sartor et Alissa McKendrick font usage de la peinture comme d’un instrument pour saisir des images.
Si leur pratique s’inscrit toutes dans une tradition de la peinture, elles s’en écartent chacune par des voies singulières : peintures réalisées à même le sol, les murs, toiles aux formes complexes, fragments de feuilles déchirées. L’exposition fait état d’un certain regard : celui de femmes artistes d’une même génération ; mais elle le fait en gardant dans son champ de vision un personnage, qui une trentaine d’années plus tôt, bouscula les codes de la représentation.