En 1801, Joseph Marie Jacquard imagine un métier à tisser automatique considéré comme l’ancêtre de l’ordinateur. Un système de cartes perforées permet de programmer le métier Jacquard, remplaçant le travail de plusieurs tisserands par un seul ouvrier. Les travailleurs y virent une menace, une concurrence directe de la machine sur l’homme, ce qui causa quelques années plus tard le premier soulèvement des canuts en France et des Luddites en Angleterre.
Aujourd’hui, il existe des machines qui travaillent et génèrent de l’argent de manière autonome : les workers. Connectées à internet, ces machines valident des transactions sur le réseau Bitcoin, la plus populaire des cryptomonnaies. Ce travail est récompensé par une fraction de la transaction traitée. Le Bitcoin est régulé par ses utilisateurs et ne dépend d’aucun gouvernement ni d’aucune banque centrale à la différence des monnaies traditionnelles.
Xavier Antin transforme ces nouvelles ouvrières inépuisables et désintéressées en des sculptures-machines dont les revenus sont systématiquement dépensés. Worker (flowers), placée au centre de cette exposition, se met en marche périodiquement pour financer la livraison de bouquets de fleurs. Ils fanent, sèchent et s’accumulent progressivement pour dessiner une vanité au fil de l’exposition.
De grandes tapisseries colorées sont suspendues dans l’espace pour former un jardin habité par cette sculpture et son rituel étrange. Ils sont imprimés par l’artiste sur des imprimantes jet d’encre grand format transformées à dessein, dont le mouvement est également l’héritage du métier à tisser. Les motifs imprimés proviennent de prises de vues vidéo de fleurs, projetées sur des scanners à plat, créant ainsi une chaîne d’impression artisanale associant technologie numérique et gestes manuels.
Déjà présenté à la fondation Hermès de Singapour en décembre dernier, ce nouvel ensemble de tissus imprimés a été produit à partir de films réalisés dans les parcs et jardins de la cité-état, connue autant pour ses banques que son climat tropical.
Vanishing workflows (des fleurs de Singapour), adaptation Parisienne du projet, est accompagnée d’un livre d’artiste réalisé entre les deux expositions.
— Œuvres produites dans le cadre de l’exposition à Aloft at Hermès grâce au soutien de la Fondation d’entreprise Hermès —
Xavier Antin
Vanishing Workflows (des fleurs de Singapour), Crèvecœur, ParisIn 1801, Joseph Marie Jacquard imagines an automatic loom considered the ancestor of the computer. A punch card system allows programming the Jacquard loom, replacing the work of several weavers by a single worker. The workers saw a threat, a direct competition from the machine over the human, which caused a few years later the first uprising of the canuts in France and the Luddites in England.
Today, there are machines that work and generate money autonomously: the “workers”. Connected to the internet, these machines validate transactions on the Bitcoin network, the most popular cryptocurrency. This work is rewarded with a fraction of the transaction processed. Bitcoin is regulated by its users and does not depend on any government or central bank unlike traditional currencies.
Xavier Antin transforms these inexhaustible and disinterested new workers into machine sculptures whose revenues are systematically spent. Worker (flowers), placed at the center of this exhibition, get started periodically to finance the delivery of bouquets of flowers. They fade, dry and accumulate gradually to draw a vanity over the exhibition.
Large, colorful tapestries are suspended in the space to form a garden inhabited by this sculpture and its strange ritual. They are printed by the artist, on purposely transformed large format inkjet printers, whose movement is also a legacy of the loom. The printed patterns come from video shots of flowers, projected on flatbed scanners, creating a crafted printing chain bringing together digital technology and manual gestures.
Already presented at the Hermès Foundation in Singapore last December, this new set of printed fabrics was produced from films made in the parks and gardens of the city-state, known as much for its banks as its tropical climate.
Vanishing workflows (des fleurs de Singapour), the Parisian adaptation of the project, is accompanied by an artist’s book produced between the two exhibitions.
— Works originally produced for the exhibition at Aloft at Hermès thanks to the support of Fondation d’entreprise Hermès —